Lettre d’opinion
Sherbrooke, le 28 juin 2017 – Le Conseil régional de l’environnement a suivi les allers-retours du dossier du déménagement du CostCo vers le Plateau St-Joseph. La Ville de Sherbrooke s’est maintenant prononcée, autorisant un autre développement qui va à l’encontre d’un développement durable. Or, si elle aurait pu refuser cette dérogation pour des raisons de principe, elle pourrait tout au moins négocier certains éléments visant à rendre ce projet un peu moins axé sur une mentalité de développement obsolète dans le contexte actuel.
Il est bien évident que le CostCo et le Plateau Saint-Joseph sont déjà loin d’être des exemples de développement durable. Ils en sont plutôt l’opposé : grandes surfaces isolées, faites sur mesure pour le tout à l’auto, royaume du bas prix incitant à la surconsommation, stationnements surdimensionnés créant des îlots de chaleur importants, frein au développement commercial de proximité, et on en passe. Mais le Plateau est là, issu d’un développement non durable.
Le Costco souhaite ardemment y installer son entrepôt de même que 24 postes d’essence, dans un secteur du Plateau non disponible au développement pour l’instant. Combien de bornes pour véhicules électriques y seront installées? Combien d’espaces de stationnement seront dédiés aux véhicules plus écologiques? Quelles sont les directives relatives aux immenses îlots de chaleur et aux surfaces de ruissellement supplémentaires qui seront créés? Bref : quel est l’engagement que demande la Ville à ce promoteur en échange non seulement d’un « service » pour ouvrir un espace qui n’était pas prévu au schéma d’aménagement pour le moment, mais par rapport à une éventuelle augmentation des émissions de GES d’automobilistes qui feront les km supplémentaires pour sauver quelques dollars sur leur plein? Elle n’en demande aucun.
Ce qu’on voudrait voir poindre, c’est ce genre de réflexe au niveau de la Ville de Sherbrooke. Qu’on sente que les élus se questionnent sur la portée de leurs décisions, au-delà des impacts économiques, et sur les leviers qu’ils pourraient utiliser pour réduire les impacts négatifs d’un projet sur l’environnement et sur le développement social. Nous avons été heureux du vote contre la résolution de la Présidente du comité de l’environnement. Si le développement durable est une réelle préoccupation à la ville de Sherbrooke, il faut que les autres élus soient capables d’imposer leurs limites et de les justifier dans ce contexte.
En terminant, un espace vacant sera laissé à l’endroit actuel du CostCo. Il serait intéressant que le promoteur du secteur ainsi que la Ville organisent une réflexion concertée de ce qui pourrait émerger pour ce milieu riverain. La proposition est lancée!
Jacinthe Caron Conseil régional de l’environnement de l’Estrie 819 821 8000 p.1