
Sherbrooke, le 14 avril 2025 – Abandonner les stationnements minimums : une décision inspirante adoptée par la Ville de Sherbrooke
La Ville de Sherbrooke a récemment franchi une étape nécessaire : le Conseil municipal a adopté la demande de modification réglementaire pour mettre fin à l’obligation d’imposer un nombre minimal de cases de stationnement pour les projets immobiliers. Il s’agit d’un virage tourné vers l’avenir, qui mérite d’être applaudi — et surtout, imité.
Pendant des décennies, les règlements imposant un minimum de cases de stationnement ont freiné la création de milieux de vie denses, vivants et abordables. Ils ont contribué à l’étalement urbain, alourdi les coûts de construction, et renforcé notre dépendance à la voiture. Sherbrooke a compris qu’il est temps de faire autrement.
Les stationnements sont loin d’être gratuits : une seule case en surface coûte en moyenne 18 300$ à construire au Canada (The National Parking Association, 2008). Ces coûts sont souvent facturés directement aux propriétaires, ce qui fait grimper le prix des habitations. Dans un contexte de crise du logement, continuer d’imposer des stationnements minimums revient à compliquer l’accès au logement abordable et à aggraver les inégalités sociales.
En plus d’alourdir la facture, les exigences en stationnement limitent la densification urbaine, étendent la ville sur les milieux agricoles et naturels, et contribuent à une urbanisation inefficace. L’espace que l’on dédie à l’entreposage de voitures pourrait accueillir des logements, des arbres, des commerces de proximité ou des parcs. Or, au Canada, on estime qu’il y a entre 3 à 8 places de stationnement pour chaque véhicule en circulation (Vivre en Ville, 2014). C’est un non-sens, autant écologique qu’économique.
Les vastes zones pavées créent aussi des îlots de chaleur, aggravent les problèmes de ruissellement et d’érosion, d’inondations et de surverses dans les cours d’eau, et réduisent la qualité de vie en milieu urbain. En somme, maintenir des minimums de stationnement, c’est encourager l’usage de l’auto solo et en payer le prix collectivement.
Laisser tomber l’obligation des stationnements minimums ne signifie pas éliminer tout stationnement, mais plutôt donner plus de liberté aux promoteurs, aux citoyens et aux municipalités pour s’adapter aux besoins réels de la population. En complément avec cette mesure, des normes maximales peuvent également être mises en place par les municipalités pour limiter la construction d’un trop grand nombre de cases de stationnement (CRE Montréal, 2014).
Le virage vers la mobilité durable est amorcé en Estrie, et toutes les municipalités du territoire sont encouragées à embarquer dans le bateau !
Sources :
Conseil régional de l’environnement de Montréal (2014) : Le stationnement un outil incontournable de gestion de la mobilité et de l’aménagement durables.
The National Parking Association (2008), Parking in America – The National Parking Association’s First Annual Review of Parking Rates in the United States and Canada. Washington: The National Parking Association. 30 p.
Vivre en Ville (2014). Problématique du stationnement.
Renseignements :
Ariane Lafontaine,
Chargée de projes en mobilité durable du Conseil régional de l’environnement de l’Estrie
a.lafontaine@environnementestrie.ca